Pour tout savoir des origines de CAVERN DEEP, merci de se référer à la chronique du premier album sans titre, paru en 2021 ici. Après un début à la fois aussi particulier et impressionnant, restait à savoir si nos hommes et femmes des cavernes allaient parvenir à prolonger la magie, à réitérer l’exploit consistant à débiter du Doom Metal massif, impérieux et envoûtant, a fortiori parce qu’il est taraudé par un psychédélisme poisseux et tortueux.
Egorgeons séance tenante tout suspense foireux : CAVERN DEEP persiste et signe avec détermination, brio et constance avec ce « Breach », tour à tour écrasant et onirique, implacable et sensible, monolithique et dénudé. En somme, si vous êtes avides de riffs immenses, comme empruntés dans la riffothèque de Tony Iommi (BLACK SABBATH) ou de Leif Edling (CANDLEMASS), vous allez immanquablement trouver votre comptant d’émotions cataclysmiques, chacun de ces riffs granitiques et gigantesques se trouvant puissamment et fort précisément appuyé par une section rythmique implacable. Du point de vue instrumental, ce paramètre du cahier des charges se trouve assuré avec force et panache.
Si l’on demeure encore dans la sphère instrumentale, il se trouve que les acteurs de CAVERN DEEP se font fort de confronter fructueusement le versant Doom impérieux, décrit ci-avant, avec des sinuosités rythmiques et des sonorités autrement moins massives, davantage complexes et troubles : structures évolutives, guitares en son clair ou en mode solo bluesy, ambiances apaisées ou malsaines… Ou comment un psychédélisme poisseux vient, non pas troubler, mais augmenter via la puissance des contrastes, le pouvoir évocateur du Doom de CAVERN DEEP. L’intérêt profond de CAVERN DEEP réside dans sa capacité à ériger des parois monumentales, pour mieux les lézarder, pour davantage les infiltrer, pour encore et toujours les émietter. Sur la seconde moitié du lancinant « Skeletal Wastes », le trio laisse s’épanouir les claviers vintage de Johannes Behndig (membre du groupe de Prog Jazz SARCOPHAGUS NOW), en mode orientalisant et hypnotique.
Dans un contexte instrumental prépondérant, à la fois impérieux et contourné, on aurait tort de négliger cependant le registre vocal. Aussitôt, il faut se reprendre et évoquer des registres vocaux. Déjà, parce que les trois membres permanents de CAVERN DEEP se filent à tour de rôle au micro, avec des rendus relativement peu techniques, assurément spontanés, allant du rugueux modéré aux registres rauque et clair (à la limite de la déclamation sur le déjà évoqué « Skeletal Wastes ». Afin de varier les plaisirs, le trio de CAVERN DEEP ne rechigne pas aux invitations judicieuses. Ainsi, Susie McMullan (du groupe californien BRUME) irradie « Primordial Basin » de ses vocaux limpides et envoûtants. A l’inverse, Thomas Jäger, guitariste et vocaliste de MONOLORD, apporte sa voix blanche, son timbre grave et son phrasé ultra-articulé (à la Michael Gira des légendaires THE SWANS) à l’imposant morceau bonus « The Attuning » (presque douze minutes au garrot, déjà publié en 2022).
Si, à ce stade, vous n’avez pas compris combien la découverte des deux albums de CAVERN DEEP s’avère à la fois impérieuse et exigeante, alors je ne peux plus rien pour vous. Le groupe mise sur la longueur pour déployer pleinement son dispositif, ô combien contrasté, le morceau le moins long, « The Pulse » dépassant de peu les six minutes, le reste du répertoire s’étageant entre sept et huit minutes, histoire d’installer le cadre adéquat aux variations et aux ambiances multiples, si caractéristiques de CAVERN DEEP. Ecoute impérative…
Alain Lavanne
Date de sortie: 14/07/2023
Label: Bonebag records
Style: Doom Metal psychédélique
Note: 18,5/20
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