Crédit photo: “Asphodel”
Aujourd’hui nous vous proposons une interview exceptionnelle avec la chanteuse Asphodel (öOoOoOoOoOo, ex-Penumbra, ex-Pin up went down), probablement l’une des meilleures vocalistes françaises (voire européennes) du metal. Comme vous allez le constater, son talent ne se limite pas au chant et ses centres d’intérêts sont nombreux. Entretien exclusif avec une Artiste passionnante.
1- Salut Asphodel ! Tu es une chanteuse confirmée avec de nombreuses années d’expérience (nous y reviendrons). Néanmoins, tu es assez discrète. Peux-tu te présenter un peu ?
Bonjour Vega ! Merci tout d’abord de prendre ce temps. Je suis donc Aurélie (Asphodel pour la musique, effectivement). J’ai des intérêts multiples en ce qui concerne les arts, et je te remercie d’avance d’avoir abordé les sujets extra-musicaux. On me connaît davantage dans le cadre d’öOoOoOoOoOo, mais il est vrai que j’explore d’autres territoires.
2- Revenons tout d’abord un peu sur ton parcours. Quand et comment t’es venu le désir de chanter ?
Je ne sais pas si je peux parler de « désir » de chanter, mais il y avait une attraction toute particulière pour le son, l’oralité et le fait de vocaliser par imitation, comme beaucoup d’enfants en bas âge. Je reproduisais donc des sons entendus dans la voiture de mes parents avant de savoir articuler des phrases correctes.
Cela peut sonner tout à fait niais, mais j’ai toujours chanté, comme d’autres ont « toujours dessiné ». Je suis simplement restée attachée à cette pratique en saisissant qu’on pouvait y cultiver une démarche de création et j’ai perpétué l’exploration.
Je ne savais pas vers quoi je me dirigeais, je ne peux pas prétendre avoir eu envie de « réussir dans le métier », avec toutes les représentations complètement stéréotypées que l’idée de réussite générait alors, mais j’avais envie de créer autour du chant, quelle que soit la finalité de tout cela, et ma manière d’appréhender les possibles de la voix a évolué au fur et à mesure du temps.
3- Quelles ont été tes premières influences musicales ?
Ma petite enfance a été baignée de PIAF et de QUEEN. Entre autres. Je pense avoir été plus fortement marquée par ces deux-là.

Crédit photo: “Asphodel”
4- Comment as-tu découvert le metal, et qu’est ce qui t’a plu dans ce style de musique ?
Adolescence dans un village perdu, peu d’habitants. De grosses difficultés sociales. Pour la première fois de ma vie, je sors de mon isolement un été, je me mets à fréquenter une bande, j’ai entre 13 et 14 ans. Leurs codes sociaux m’échappent mais j’essaie de m’adapter. Je fume déjà, je découvre avec eux l’alcool à boire très vite. Un des garçons de la bande met une cassette. C’est du black metal. Outrancier, hurlant. D’autres cassettes tourneront en boucle. On est dans les années 90, je crois alors avoir trouvé une forme solitaire à un besoin de révolte, ne comprenant pas vraiment toute la portée viriliste de ce qui se joue, de mon besoin d’être reconnue par un groupe.
Le soir, je m’endors avec des voix qui échappent à toute norme esthétique, des chèvres qui bêlent (si si), et des musiciens qui scandent dans des langues que je ne comprends pas toujours des louanges à Satan sur des riffs acides. Je me réveille souvent quand la cassette s’arrête.
Je garde un souvenir à la fois amusé et tendre de cette expérience adolescente. C’est une période extrêmement compliquée, où le besoin et l’angoisse de s’auto-définir sont forts et où les référent.es pour y parvenir peuvent être difficilement accessibles.
5- Tu es considérée comme une spécialiste du chant saturé, que tu utilises régulièrement et que tu enseignes. Comment en es-tu venue à ce type de chant ?
En écoutant ces types de chant depuis les années 90, il me semble presque évident d’avoir été amenée à les aborder d’une manière ou d’une autre, en tant que praticienne ou enseignante. J’ai eu effectivement beaucoup de demandes ces dernières années, et ça a motivé le besoin de les étudier de manière plus scientifique afin de les proposer à l’enseignement.
En tant que chanteuse, je n’ai jamais souhaité que les chants saturés deviennent majoritaires dans ma pratique. Ce sont des esthétiques auxquelles j’ai recours selon ce qui se dit dans le texte, ou le personnage que je campe alors, au même titre que d’autres esthétiques que j’inclus dans les morceaux que nous jouons. Aujourd’hui, j’en expérimente certains par pur plaisir, sans les intégrer à des morceaux.
La science des chants saturés est assez récente et plutôt passionnante, d’autant plus que les pratiques évoluent extrêmement vite en suivant la mutation de l’industrie musicale. C’est assez fascinant de constater à quel point ces types d’esthétiques sont sociologiquement situées, et d’observer quelques manquements dans sa vulgarisation. Si certaines saturations ne viennent originellement pas du rock, on constate une béance dans son récit historique que seules quelques études en orthophonie, en musique « non-occidentale », et autres sciences des arts abordent. Il serait formidable de ne pas les évoquer uniquement dans une préface ou en introduction d’un mémoire, et de s’attarder davantage sur la fonction de ces pratiques.

Crédit photo: Baptiste Bertrand
6- Comme je le précisais plus haut, tu enseignes désormais le chant. Depuis combien de temps, et pourquoi avoir choisi d’enseigner ?
J’enseigne le chant depuis 19 ans environ. De manière générale, je crois aimer l’idée d’apprendre et de transmettre. Si quelque chose m’intéresse un moment, en principe, je pousse assez loin. L’envie de partager ce que j’ai appris est spontanée : j’aime accompagner, donner des outils, voir grandir. J’enseigne la photographie aussi (mode et corps). Pendant trois années, j’ai encadré des post-bac autour de la question de la photographie expérimentale et des pratiques alternatives. C’est également pour moi une manière de maintenir un lien social que je peux perdre très facilement (je suis obsédée par des sujets qui peuvent me couper de toute interaction à l’extérieur de chez moi pendant longtemps). Lorsque j’enfile mon costume de prof, beaucoup de choses me semblent plus faciles socialement. Sans ça, ce serait la catastrophe.
7- Tu as fait partie de plusieurs formations par le passé, notamment PENUMBRA et PIN UP WENT DOWN. Que retiens-tu de ces expériences, et pourquoi avoir arrêté de chanter dans ces groupes ?
Je n’en retiens globalement que du bon. Les personnes avec qui j’ai fait du chemin dans PENUMBRA ont toujours été des personnes attentionnées, respectueuses et accueillantes. J’ai aimé y être, et je suis vraiment contente que Valérie y évolue désormais, sa présence complète parfaitement le projet. Je suis partie pour des questions de temps et de goûts qui évoluent.
Pour PIN-UP WENT DOWN, les raisons de mon départ sont un peu plus difficiles à aborder. Je reste fondamentalement attachée à ce que j’ai vécu avec Alexis dans ce projet, et suis fière d’avoir pu contribuer à ce qu’il nourrissait dans cette musique.
8- A part l’enseignement musical, quels sont tes groupes/projets à l’heure actuelle ?
ÖooOoOoOoOo, toujours.
J’ai aussi un projet d’improvisation expérimentale avec Cyril Meysson (qui est aussi mon conjoint), un mélange non-idiomatique de guitare préparée et de voix, chacun.e d’entre nous explore son instrument de la manière la plus libre et la plus détournée qui soit. Cyril, comme il le dit, utilise la guitare électrique plus pour le fait qu’elle soit électrique que pour la fait qu’elle soit une guitare, il tente d’en tirer des sons parfois difficilement identifiables et fait un travail savant sur les phénomènes acoustiques. De mon côté, la voix est traitée comme une matière qui vient répondre en temps réel à ce qu’il joue, et vice-versa. Comme tout est improvisé, tout se passe sur une écoute et un laisser venir fondamentaux. Par l’émancipation du langage, il y a aussi une volonté d’être dans ce que le son peut apporter de plus varié et variable, et de rester dans une considération corporelle, anatomique.
La photographie, la performance (je travaille notamment sur la perception, l’attention et l’agentivité du public) et l’écriture (notamment de monologues) font partie d’un quotidien de création sur lequel je communique assez peu.
9- Parlons un peu de « öOoOoOoOoOo ». J’ai récemment appris que le nom du groupe se disait « Chenille » (et ça m’a beaucoup plu !). Comment et pourquoi avez-vous eu l’idée d’écrire le nom de cette manière, et pourquoi ce nom, « Chenille » ?
Baptiste a fait une blague dans une conversation écrite tandis que nous étudiions un nom possible. Il a balancé plusieurs o agglutinés en m’indiquant que ça se prononçait comme ça se percevait. Une chenille, donc. Et qu’on devrait s’appeler ainsi. J’ai ri. Plus tard, je lui ai demandé de considérer sérieusement cette question. C’était adopté.
10- Peux-tu nous présenter un peu le groupe ? Comment définissez-vous votre genre musical ?
Nous sommes deux et nous ne définissons rien, sans élitisme aucun. Nous aimons la musique, nous aimons l’idée de la travailler comme un tout, ce qui rend la détermination difficile et accessoire. Baptiste (Bertrand de son nom) compose et propose, j’écris le chant, propose des modifications et alternatives, et chante. Nous avons une démarche mutuelle qui s’inscrit dans le souci d’offrir à l’autre. C’est une espèce de Noël permanent. Lorsque les choses sont définies, les maquettes enregistrées, nous soumettons à Germain Aubert (guitare, prod) et Benjamin Riggi (batterie), deux musiciens extrêmement doués qui nous font l’honneur de nous accompagner.
11- Quelques questions un peu plus personnelles, si tu le veux bien. Tu es capable d’utiliser ta voix de très nombreuses manières différentes, et tu utilises d’ailleurs de nombreux chants différents (chant clair, chant saturé, chant lyrique, etc).

Crédit photo: Pierre Guézennec
12- Qu’est ce que la voix pour toi ?
Un moyen. A partir du moment où tu identifies les tropes, les habitudes, les esthétiques et leurs raisons commerciales (c’est une réalité qu’il ne faut pas nier), l’idée de les utiliser de manière meta me semble une démarche en soi.
Parallèlement, la travailler comme un matériau plastique telle une terre ou une peinture demande de ne pas avoir peur d’être en-dehors des exigences esthétiques dominantes.
C’est donc un moyen. Limité, certes, mais qui offre une palette de possibles vertigineuse. Et puis cette volonté de s’émanciper d’une forme d’essentialisme ou de catégorisation fumeuse participe de ma façon d’aborder techniquement ce qui se passe. Il n’y a pas de « voix faite pour », il y a juste des envies et des choix à suivre ou pas, dans la mesure du possible.
13- L’Art tient une place centrale dans ta vie. En plus de la musique, tu es également photographe. Comment t’es venue cette passion, et que t’apporte t’elle que la musique ne t’apporte pas ?
J’ai du mal à dater cette passion-là, je dirais juste qu’elle s’est déroulée en plusieurs étapes. Chez mes parents, la question de l’art n’a jamais vraiment existé, pas plus que la littérature. Il y avait des besoins plus urgents, des préoccupations d’un autre ordre. On écoutait de la musique, ceci dit. Il y a eu l’étape de la découverte un peu magique des images argentiques qui étaient encore majoritaires dans les foyers des 90. Une pratique vernaculaire qui n’avait que le souci de l’archive, du souvenir. La présence de l’image a explosé avec le numérique, et je me suis intéressée au photo-montage au début des années 2000, mais la photographie en tant que pratique pensée en amont était encore balbutiante et déconnectée. C’est dans les années 2010 que je m’y suis penchée de manière sérieuse, en souhaitant cette fois comprendre la pratique et la théorie. Et plus tard, il y a environ 6 ans donc, j’ai décidé de vivre un virage assez brutal en me plongeant dans la matérialité même de la photographie argentique. J’avais besoin, au départ, d’un contact différent. Je voulais être au plus proche des supports, de la fabrication d’une image. Cela a donné lieu à des questionnements sur la rareté (j’utilise des matériaux expirés, pour la plupart introuvables), le hasard, l’erreur. Transformer l’erreur en protocole pensé.
Cela m’apporte un silence, tout d’abord, et une forme de retrait du monde. Rester quatre heures dans une chambre noire ou une salle de bain pour expérimenter toutes sortes de choses est une manière de m’extirper du déroulement extérieur, de ses contraintes et de son bruit permanent.
14- Tu as récemment entamé des études d’art, et tu t’intéresse de plus en plus aux odeurs et aux parfums. C’est très original car encore assez peu présenté comme une forme d’art. Peux-tu nous en dire un peu plus ?
Effectivement, j’ai repris des études en arts plastiques création et recherche (en plus de donner des cours de chant). Si les formes olfactives dans l’art existent depuis un moment déjà, on peut dire que l’art dit olfactif connaît un essor depuis les années 90. Les manières de faire art via l’olfaction posent la question de la vue comme sens dominant (et nous pouvons y joindre l’ouïe, au demeurant). Le toucher, le goût et l’odorat sont des sens qui font encore débat en ce qui concerne leur potentiel esthétique. Et peu se posent la question de la proprioception au demeurant, reléguée à une préoccupation de parcs de loisirs.
En ce qui concerne l’odeur comme médium, il est intéressant de constater que s’il soulève des questionnements à la fois artistiques et philosophiques (voire politiques) et propose, de fait, des formes et démarches beaucoup plus variées qu’on ne le soupçonne.
Les débats fondamentaux, au-delà de la question technique inhérente à l’œuvre créée – qui est elle-même une problématique particulièrement prenante et qui oriente directement la manière de concevoir l’œuvre en question –, concernent la fonction de ces odeurs dans l’œuvre. Parle-t-on de l’odorat même – sens directement connecté au système limbique, ce qui induit une approche émotionnelle et mnésique complètement différente des autres sens –, ou d’une odeur ? L’odeur est-elle constituante des matériaux utilisés ? Fait-elle simple ornement (je pense notamment à ces musées qui diffusent des odeurs afin de créer une correspondance avec des tableaux), est-elle signifiante ? Est-on dans le simulacre, la reproduction, etc. ? L’odeur est-elle soutenue par un objet visible, une sculpture, etc., auquel cas nous sommes sur un dispositif polysensoriel, ou son objet de diffusion est-il invisible ? Et quid de sa pérennité lorsque des expositions de longue durée traitent le sujet ? Un tel art, jeune art, demande à être réfléchi s’il ne veut pas tomber à côté. De plus, l’industrie du parfum n’est jamais très loin. Il est donc intéressant de s’interroger politiquement et éthiquement sur celle-ci.
La tendance aux productions olfactives du corps et à l’évocation du végétal est aussi très prégnante. Je la vois souvent critiquée, d’ailleurs, alors que ce qu’elle met en lumière est en résonance directe avec un sentiment de dépossession dans les deux cas. Dépossession du rapport au corps, contrôlé de toutes parts, autant dans la sphère publique qu’intime, et dépossession du rapport au vivant. Je ne pense pas avoir à illustrer ce dernier point. Ramener l’odeur du vivant dans l’art, c’est aussi, à mon sens, proposer une alternative à l’échec des images, ou plutôt de leur surabondance.
Dans ma pratique, je crée mes odeurs à partir de matières premières. Dans de rares cas, les odeurs ont une source identifiable. La majorité du temps, j’élabore des performances invisibles, furtives, parfois protocolisées, parfois complètement improvisées, où la succession ou le mélange d’odeurs portées par des volontaires ou par moi recréent des images mentales confrontées au lieu où elles sont diffusées ou à la période durant laquelle je décide de les faire circuler. Elles sont là comme une fracture de l’inhibition latente, et demandent alors une attention accrue. Parce que l’odeur s’impose irrémédiablement à nous, ces performances maintiennent dans une sorte d’hypervigilance. Je m’appuie sur la psychologie sociale ou la neuropsychologie pour déterminer des scénarios et agir sur ces leviers attentionnels. Il arrive que l’ordre dans laquelle les odeurs s’infiltrent dans les lieux crée une narration précise qui interpelle le public. Celui-ci s’interroge, communique : quelque chose brûle ? Qu’est-ce qui peut brûler ? Cela sent l’humidité, tout à coup. Ces odeurs choisies font sens, et utilisent l’ambiguïté et le doute comme potentiel esthétique.
15- Ton parcours (et c’est une réflexion très personnelle qui n’engage que moi) me fait penser à une quête de la compréhension des cinq sens : après l’ouïe (musique), puis la vue (photographie), te voilà en train d’explorer l’odorat et son rapport au cerveau. Même s’il est difficile de se projeter, penses-tu que dans quelques temps cette quête pourrait te pousser vers une étude du goût (cuisine, par exemple) et du toucher (sculpture, gravure ou autre) ?
La cuisine a été abordée : je créais des recettes vegan il y a quelques années. Cependant, je ne souhaite pas travailler le goût dans l’art contemporain. Pour le toucher, il m’arrive de travailler des choses que je ne montre pas ou peu, parce que je n’ai pas une pratique régulière, je n’ai pas vocation à en faire une démarche sur le long terme. C’est un rapport très solitaire, qui m’amène au calme. Et en même temps, je réserve le sens du toucher à la pratique de l’auto-stimulation (le stimming), qui est une des seules stratégies qui me permettent d’apaiser des effondrements autistiques. Je suis ceci dit en pleine préparation d’une performance participative qui traite de l’hyper et l’hypo-sensorialité chez les personnes autistes et qui se déroulera à Reykjavík en 2024. le rapport au toucher en fera irrémédiablement partie. Donc, finalement, tu vises juste.
16- Avant de conclure, y a t’il des groupes ou artistes que tu apprécies particulièrement et que tu aimerais nous faire découvrir ?
La pire question. DARIUSZ PRZYBYLSKI et son Passio for 12 voices, par exemple, qui ne dissimule pas son inspiration Ligeti dans la dissonance des voix. Le formidable JÉRÔME COMBIER et la pièce Dog Eat Dog, un dialogue élastique entre violoncelle et guitare. Mon ami EMMANUEL HOLTERBACH et Le Rêve, l’Ombre et la Vision. Une entrée puissante dans l’infime.
MAGRAVA, sans aucun doute, dans lequel joue Cyril Meysson et son acolyte Rodolphe Loubatière. Il y a quelque chose de la déflagration et d’un écrasement sans fin.
Plus confidentielle, l’immense ZOE HESELTON, poétesse, chanteuse, qui occupe la scène et les mots avec une grande force. CLAIRE DAYS et sa folk cathédrale. Plus punk hardcore, SURFACE TANGIBL, pour du live tendu.
Un livre, Le Démon de la Colline aux Loups de Dimitri Rouchon-Borie, un livre dur, certes, mais porté par un auteur indispensable (et globalement, les éditions Le Tripode sont capables du meilleur). Et celui de Sandra Barré, L’Odeur de l’art, un panorama de l’art contemporain olfactif.
Et j’oublie mille personnes. La pire question, je te dis.
17- Pour finir, quelle est ton actualité ? Et où peut-on te voir prochainement ?
En ce moment, j’écris un recueil de trois monologues de femmes, toutes concernées par un phénomène d’oppression systémique dans des secteurs dont on parle peu. Elles arrivent à un moment de leur évolution où une voie sans issue les pousse à la parole. Ce sont des textes pensés pour l’oralité, avec une langue changeante, parfois déconnectée de la réalité dépeinte. Le premier texte sera amené au travail scénique à partir de janvier 2024. Musicalement, je travaille pour une compagnie de théâtre. Nous intervenons sur plusieurs spectacles (deux en ce qui me concerne). L’un s’élabore dans un hôpital, en partenariat avec une compagnie constituée de soignant.es et de soigné.es. J’y chante et coordonne un travail de voix. Je documente également notre travail. Être concernée personnellement par le handicap me permet d’essayer de proposer une vision alternative à la manière dont la photographie documentaire traite généralement le handicap. L’autre se déroule en Roumanie, il s’agit d’un travail conjoint avec des étudiant.es d’une université à Cluj autour de la question de la dictature. J’y chante également.
Pour le reste, tout est en gestation, je dirais, pas de concerts prévus pour l’instant.
18- Je te remercie beaucoup pour tes réponses et pour ce moment d’échange enrichissant. Je te laisse le mot de la fin !
Merci infiniment pour cet échange, et, surtout, d’avoir laissé une place à ces questions-là !
Vega