J’avoue avoir découvert – fort plaisamment – la discographie de ce groupe romain à la tardive étape de son troisième album, « Beyond The Shores (On Death And Dying) » (paru en 2020, relire ici). En dépit d’un titre ô combien négatif, « The Loss Of Beauty » se hisse à la hauteur de son prédécesseur, notamment en privilégiant la perpétuation d’un Doom Death mélodique et dynamique, fortement teinté de gothisme.
A l’écoute de ces treize compositions ramassées – seule « A Nature In Disguise » franchit allègrement le cap des six minutes – on retrouve un état d’esprit assez typique des années 90, qui virent l’émergence et la prolifération du Death Metal d’une part, et, plus modestement du Doom Metal. Avec un impératif qui ne se dément jamais : demeurer abordable, privilégier autant l’impact rythmique que l’apport mélodique. Grâce à un mixage puissant et détaillé, le répertoire ici proposé percute plein front, tout autant qu’il accroche les esgourdes avec des mélodies imparables, si mélancoliques soient-elles.
Au centre de tout – une fois n’est pas coutume -, il faut rendre hommage à la section rythmique, notamment au batteur Emiliano CANTIANO qui assume à la perfection l’équilibre entre puissance et nuance, qui négocie au millimètre des changements de rythme et de tempo fréquents. Appuyé par le bassiste Matteo CAPOZUCCA, au jeu épais mais véloce, le batteur sert de boussole à un édifice qui, sans être outrageusement technique, n’en demeure pas moins bâti sur une logique de changements de dynamiques (qu’il s’agisse de variations de tempo ou de rythme).
Adossées à un duo rythmique aussi solide qu’évolutif, les guitares de Gabriele GIACCARI et de Raffaele COLACE déploient une activité de tous les instants, entre riffs tendus, mélodies mélancoliques et délicatesses plus ponctuelles. Selon un schéma analogue, le chant de Davide STRACCIONE alterne efficacement un chant clair très émotif et des vocaux rauques nettement plus rugueux. L’ensemble de ces éléments se trouve parfaitement maîtrisé, tant dans l’interprétation que dans la mise en son.
Au final, « The Loss Of Beauty » se hisse à un niveau d’excellence analogue à celui de son prédécesseur. Peut-être le principal défi du groupe se situe-t-il pour le prochain album, qui devra dépasser ce cadre parfaitement maîtrisé, pour permettre une évolution. Mais, à ce jour, SHORES OF NULL demeure un groupe au répertoire solide et sensible, foncièrement classique mais suffisamment doté de personnalité.
Alain Lavanne
Date de sortie: 24/03/2023
Label: Spikerot records
Style: Doom Death Metal
Note: 18,5
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