En 2020, le retour aux affaires du groupe batave CELESTIAL SEASON avec son sixième album, « The Secret Teachings » (relire ici), ne m’avait pas pleinement convaincu. Sorti plus tôt en 2022, « Mysterium I » (relire ici) évoluait dans les mêmes eaux, le combo demeurant fidèle à son Doom Death torturé et tortueux originel. Assez logiquement « Mysterium II » creuse un sillon identique. Avec à la clé les mêmes réussites… et les mêmes difficultés.
Débutons par un rappel du style si particulier de Doom Death, inauguré en 1993 sur son premier album « Forever Scarlet Passion » (relire ici). Evidemment, le tempo est lent, la rythmique se veut pesante et sinueuse, les guitares alternent riffs désolés et tirades solos mélancoliques, le chant alterne raucité caverneuse et clarté grave et sépulcrale. La dimension mélancolique, voire gothique, se trouve amplement renforcée par des arrangements de violon, de violoncelle et de piano ; le recours à de tels instruments peut sembler fort commun aujourd’hui, mais, au début des années 90, c’était encore chose rare, voire risquée, hormis les précurseurs de CELTIC FROST et les contemporains de MY DYING BRIDE. On retrouve donc intact ce Doom maladif et malsain, rendu plus hostile par des vocaux rugueux, plus décadent par les arrangements gothiques. De ce point de vue, CELESTIAL SEASON maintient ses standards.
Cependant, le vieux fan que je suis demeure un brin frustré. En effet, si l’approche austère, les structures contournées, les facettes multiples constituent autant d’éléments indispensables au charme délétère du groupe, il n’en demeure pas moins que demeure l’impression qu’aucune composition ne se détache, ne se retient durablement. Non pas que les morceaux soient périssables ; il faut plutôt y voir la volonté du groupe de se faire ostensiblement impénétrable et obscur. Cela dit, rien n’empêcherait que, ponctuellement, CELESTIAL SEASON développe et assume plus avant des mélodies ou des plans rythmiques accrocheurs qui existent bel et bien, mais qui sont quelque peu noyés dans une profusion d’arrangements lancinants. On a parfois l’impression que le groupe s’interdit de développer quelque élément que ce soit qui paraîtrait trop évident. On s’approche de cette acceptation sur un morceau comme « In April Darkness », mais pourtant, au final, ce titre ne s’impose pas véritablement, tout en demeurant un superbe moment de cet album.
Austérité forcée ou volonté farouche de ne pas se livrer au-delà de l’underground, je ne sais pas, mais je sens que, sans vendre son âme à quiconque, CELESTIAL SEASON pourrait rendre davantage hommage à ses compositions et à leur interprétation.
Ne vous méprenez pas de ces propos typiques d’un fan de la première heure, j’ai apprécié « Mysterium II » dans sa globalité, pour sa lenteur résignée, pour sa pesanteur morbide, pour ses inserts d’une mélancolie poignante. Après tout, le groupe ne fait que se montrer rigoureusement fidèle à son projet initial. En somme, l’intégrité prime la volonté de plaire, ce que je me dois de respecter.
Alain Lavanne
Date de sortie: 02/12/2022
Label: Burning World records
Style: Doom Death Métal
Note: 17/20
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