De quoi TZOMPANTLI est-il le nom ? D’un dispositif d’exposition de crânes dans certaines sociétés mésoaméricaines et, dorénavant, d’un trio hispano-californien, musicalement dévoué au Metal extrême, conceptuellement versé dans les sociétés pré-colombiennes. A la tête du projet, on trouve le guitariste, vocaliste et multi-instrumentiste Bigg o))) (par ailleurs membre de XIBALBA et de MORTUARY PUNISHMENT) : la référence à SUNN))) semble a priori limpide, et pourtant, point trace ici de Drone Doom. TZOMPANTLI évolue bien davantage dans le domaine du Death Metal bourrin, mâtiné de touches Doom.
Qu’à cela ne tienne, il n’est jamais mauvais de refaire l’expérience mille fois éprouvée des rythmiques pesantes, des riffs âpres, des jeux d’accélérations-décélérations mid-tempo, et bien sur des vocaux caverneux et presqu’inarticulés. Certes, ce n’est pas bien nouveau, mais il faut avouer que la formule développe chez l’auditeur averti encore et toujours cette même jouissive (et masochiste) sensation d’écrasement qu’aux premiers jours des années 90. Les passages les plus enlevés donnent l’impression de se frotter le visage à allure vive contre du granit : ça écorche salement, un peu comme RUNEMAGICK, INCANTATION ou GOREFEST à leurs débuts.
Par moments, le tempo lève le pied, la lenteur s’installe et, conséquemment, la pesanteur se fait suffocante, l’épaisseur rythmique se fait cyclopéenne. Difficile dans ces moments de ne pas se référer au Doom Death ultime de diSEMBOWELMENT, au Funeral Doom séminal d’EVOKEN, d’ESOTERIC (l’avant-gardisme en moins !) et de THERGOTHON.
TZOMPANTLI utilise ces référentiels classiques en les concentrant dans des compositions plutôt compactes – quatre à cinq minutes. A l’exception de Yaotiacahuanetzli qui affiche plus de 7’30 au garrot et se permet une approche plus progressive : introduction mélodique dépouillée, à laquelle succèdent des riffs de brute posés sur un tempo lent, retour de quelques notes mélodiques lapidaires au sein même de ce magma rythmique désolé, accélération contrôlée au bout de trois minutes, avec rythmiques saccadées à la clé, explosion frénétique ponctuée de décélérations et de cassures rythmiques, final lent et lourd dominé par une guitare lead laconique et mélancolique. Sur ce seul titres, le groupe conjugue ambiances désossées, brutalité frontale, variations rythmiques, brefs inserts épiques. De quoi tirer l’ensemble de l’album un tantinet au-dessus de l’exercice de style.
Alain Lavanne
Date de sortie: 06/05/2022
Label: 20 Buck Spin
Style: Death Doom Métal
Note: 15/20
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