Quelle excellente surprise que ce premier album du trio toulousain (formé en duo en 2020) INDIGO RAVEN ! La biographie du groupe revendique une inspiration ancrée dans les travaux séminaux des trois formations légendaires que furent initialement PARADISE LOST, MY DYING BRIDE et ANATHEMA. Le fait que le travail à la guitare fourni par Benoît Sangoï témoigne de la vivacité de cette inspiration, entre riffs aplatissants, lead tordus et mélodies limpides en son clair. A ceci près que le son épais et lourd en rythmique se trouve comme recouvert d’une couche crasseuse, assez typique des critères en vigueur dans le Sludge. Impression renforcée avec vigueur par le bassiste Jean Green qui débite des lignes de basse telluriques et grondantes. La batterie programmée apporte une touche (un peu trop) lapidaire supplémentaire.
Souvent massive et rugueuse, la dimension instrumentale développée par INDIGO RAVEN se montre tout à fait capable de manier l’art des contrastes, grâce à des plages apaisées, presque lumineuses (enfin, songez à une lumière plus automnale qu’estivale !), et à des séquences plus troubles, subtilement malsaines.
Si les compositions affichent assurance et personnalité d’un point de vue instrumental, reste que le chant de Julie Docteur achève d’asseoir la personnalité particulière d’INDIGO RAVEN. Particulièrement à l’aise entre grave et médium, elle module en chant clair, mariant constamment puissance, expression émotive et subtilité. Rien à voir avec les mignardises apprêtées ou les prétentions classiques, pas plus qu’avec les registres rauques souvent surjoués, de trop nombreuses chanteuses Metal actuelles. Son style rappelle par moments Lisa Gerrard de DEAD CAN DANCE (notamment dans les graves), Siouxsie (ce mélange d’assurance et de fêlure romantique) et Tanya de UNIVERSE217 (pour la capacité à moduler puissamment mais sans avoir recours à des démonstrations acrobatiques). La prestation s’avère de bout en bout magistrale et envoûtante.
Preuve ultime qu’INDIGO RAVEN ne se contente pas de recycler de repeindre en Sludge les réceptes orignaux du Doom Death, la version CD comporte une reprise du délicat « Into Dust » de MAZZY STAR, pour en proposer une version moins intimiste, subtilement plus solennelle, surtout franchement alourdie en riffs de plomb à mi-parcours. Splendide.
Alain Lavanne
Date de sortie: 22/10/2021
Label: Argonauta Records
Style: Doom
Note: 17/20
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