En dépit d’un mini-album cinq titres délivré en 2015 via VIC records, EXTREME COLD WINTER n’avait à ce jour pas davantage posé sa marque dans l’univers passablement encombré du Doom Death. Combinant les ingrédients majeurs propres au Doom Death, le répertoire constaté ici relève d’un propos très contrôlé et visant une efficacité maximale, EXTREME COLD WINTER nous propulsant en arrière, dans les années 90 qui virent la naissance du Doom Death, plutôt que de tenter une fort hypothétique redéfinition. Excellemment servi par une production vivante et par un mixage privilégiant la limpidité du son global (au détriment relatif d’une certaine épaisseur, le rendu étant assez sec), World Exit a tout d’un exercice de style.
A partir du moment où l’aspect « inspiré par la tradition » est assumé, il nous revient en quelque sorte de veiller au respect du cahier des charges. Le côté imposant se trouve assumé par la durée de la majorité des sept compositions : les trois plus courtes se situent respectivement au-dessus de cinq et six minutes, le reste s’étageant généreusement entre sept et neuf minutes. Autre critère qui fait tout à fait sens vis-à-vis du premier, la lenteur du tempo impose une impression d’écrasement inexorable, du genre « la vie est une purge de chaque instant, et en plus, chaque instant dure une éternité ». Pour autant, EXTREME COLD WINTER ne restreint pas son activité rythmique à un monolithisme lassant. Austère et puissant, le jeu du batteur Seth van de Loo assure une animation rythmique de bon aloi. Du côté des riffs de guitare, A. J. van Drenth aligne sans coup férir les riffs rêches et austères qui plombent le paysage, tout en assurant des parties lead mélodiquement construites, porteuses d’une mélancolie poignante. L’attelage est certes déjà largement éprouvé, reste à souligner qu’il est performant chez EXTREME COLD WINTER.
A propos de mélancolie, il faut souligner la pertinence des arrangements de synthés qui apportent assez fréquemment un contrepoint de clair-obscur dans un univers globalement désolé, représentant l’autre apport relativement civilisé, au côté des parties de guitare solo.
Par contre, point de salut à attendre sur le plan vocal. Pim Blankestein demeure intraitable dans un registre caverneux et rugueux mais très articulé. Le registre demeure certes limité mais convient bien à la double exigence d’âpreté et de désespoir.
Au bout du compte, pour un vétéran, « World Exit » n’apporte rien de neuf, sauf une salutaire revivification des souvenirs précurseurs d’antan. Pour une impétrante dans le sous genre Doom Death, cet album représente une entrée en matière tout à fait honorable.
Alain Lavanne
Date de sortie: 15/10/2021
Label: Hammerheart records
Style: Doom Death Métal
Note: 15/20
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