TENTATION! Voilà un nom qui résonne depuis près de dix ans dans les oreilles des heavy métalleux Français “à l’ancienne”. Le cap décisif du premier album survient cette année et c’est donc l’occasion d’en savoir plus sur l’actualité du quartet des Pyrénées Orientales…
1- Votre nouvel opus “Le berceau des dieux” vient de sortir, peux tu le présenter à nos lecteurs qui ne l’auraient pas encore écouté ?
Laurent: Salut Phil et les fidèles lecteurs de KaosGuards. “Le berceau des Dieux” est donc notre 1er album qui est la suite logique après la sortie d’un EP en 2015 et un split album avec nos potes d’Iron Slaught en 2018, ainsi que la parution d’un 7” la même année. Nous avons commencé à bosser de nouveaux titres fin 2018 quand nous avons décidé d’attaquer un vrai album, avec la quantité de travail et de motivation que cela demande. Après quelques pré productions dans notre home studio en juillet et décembre 2020, nous avons enregistré chez Record It sous la houlette de Matthieu Lessieur. Le mix et le mastering, eux, ont été confiés à Javi Felez Rodriguez du Moontower studio sur Barcelone. Si tu aimes le heavy metal français traditionnel, à la sauce 80”, ça pourrait t’intéresser.
Patrice: Au moment où nous répondons à cette question, mis à part la presse et les copains, pas grand monde ne l’a encore écouté et nous t’avouons qu’il nous tarde que cela change ! Difficile de le décrire en quelques mots. Nous avons vraiment fait en sorte que l’album retranscrive ce qui nous plait vraiment le plus dans la heavy français et que ce soit sur le plan musical que sur les ambiances. Pour cela, nous nous sommes inspirés de groupe que nous adorons tels que Judas, Tyrant, Saracen, maiden pour n’en citer que quelques-uns, avons rédigé les paroles sur des thématiques qui nous sont chères comme l’occultisme, la sci-fi, la mythologie, les Dieux anciens, des histoires vraies hallucinantes ou d’inspiration de films d’horreur. Pour parfaire à cette ambiance et tenter de la poser tout au long de l’album nous avons incrusté parmi les titres deux interludes dont une composée par Yann Parpeix de Ponce Pilate qui avait pour mission de faire la part belle à la musique des films des années 70 (érotiques ou horreurs).
2- Peux-tu nous expliquer la place que prend cet opus dans la carrière de TENTATION?
Laurent: A la base, ce projet n’avait pas vocation à perdurer. C’est juste un délire entre membres de l’asso Pyrenean Metal qui aiment le heavy metal français des 80”. Nous voulions juste composer 2 titres, sortir un 7”, faire un petit concert pour les potes et splitter. Mais l’atmosphère entre nous a fait qu’au final, nous avons continué, on aime tout simplement jouer ensemble, passer du temps à faire de la musique tous les 4. C’est donc un moment très important pour nous que la parution de ce disque, nous n’avions jamais travaillé autant, ni dans des conditions si professionnelles. Comme on s’est dit entre nous: ”il se peut que ce soit l’unique vrai album que nous ferons, alors autant y aller à fond et y mettre toutes nos tripes.”
Patrice: Une très grande place à vrai dire lol En effet, vu le travail que demande la sortie d’un album, c’était quasi inespéré que nous y parvenions ! L’avoir fait et être fier du résultat, c’est quelque chose d’indescriptible.
3- Vous êtes soutenu désormais par un label Italien. Pourquoi avoir sauté le pas avec eux ?
Laurent: Enrico de Cruz del Sur Music et Gates of Hell Rec. nous suit depuis quasiment le début du groupe. En 2016, il nous avait déjà contactés pour travailler avec lui, nous avions poliment décliné car nous étions dans l’optique de faire le split album “665 les hordes metalliques” avec Iron Slaught et nous souhaitions continuer à collaborer avec des labels français pour ce disque. Il a compris notre démarche et nous a répondu de ne pas oublier qu’un fan italien nous attendait avec impatience. Par la suite, il a régulièrement pris des nouvelles, ce qui montrait sa réelle motivation pour une collaboration. Après les pré productions, nous avions plusieurs propositions de différents labels français et européens sur la table et celle de Gates of Hell était imbattable en matière de moyen, de distribution et de promotion. De plus, nos amis bretons de HERZEL avait sorti leur magnifique album “Le dernier rempart” chez eux et nous ont renvoyé d’excellent retour. Ces quelques mois à collaborer ensemble ne font que confirmer que nous avons fait le bon choix car le travail avec toute l’équipe du label ainsi que Jan de SURE SHOT WORX sur notre disque est vraiment remarquable.
4- La pochette est dans l’esprit du heavy metal underground. On connait de nombreux artistes Français ou étrangers qui font ou ont fait parler parler d’eux (JP Fournier, Stan W.Decker, Pierre Alain D…). Qu’est ce qui a motivé votre choix?
Patrice: Un coup de cœur sur le travail de Carlos Palma Cruchaga tout simplement. Nous l’avons contacté et lui avons donné les grandes lignes à respecter pour l’artwork. Nous savions ce que nous voulions depuis le début. Le résultat est formidable. A noter également que le layout a été réalisé par Annick Giroux que nous apprécions aussi bien humainement que pour sa créativité.
5- Le groupe possède un line-up stable. Est-ce selon toi une des clés de votre réussite?
Laurent: Je ne pense pas qu’on puisse parler de réussite, enfin nous, nous ne le voyons pas comme cela. On n’a jamais triché avec le public, ça les gens le sentent, on se donne toujours à fond, avec nos défauts et nos qualités aussi bien en live qu’en studio. On a depuis le début sincèrement aucune ambition, hormis celle de passer du bon temps ensemble en essayant de faire une musique qui nous plaise et nous corresponde. Tout le monde respecte les positions et les avis de tous les membres dans le groupe, si quelque chose ne va pas à un de nous, on zappe et on passe à autre chose. Ce qui fait qu’il n’y a eut jamais de vrais prises de tête ou d’engueulade, on aime jouer et être ensemble, quand l’un de nous sera lassé, il n’y aura pas de remplacement, on arrêtera immédiatement, sans remords et avec le sentiment de s’être bien marré pendant tout ce temps.
Patrice: Il existe une bonne osmose et de bonnes énergies entre nous facilitant la créativité. Laurent et Guix apportent beaucoup sur le plan technique (son, structure des morceaux, sources d’inspiration, etc.), Moi et Guillaume D sont plus sensibles à la créativité (riffs, paroles, lignes de chant, etc.).
6- Le fait de chanter en Français est pour vous indispensable? Ou verra-t-on comme ADX avec “Weird Visions” un jour une expérience dans la langue de Shakespeare?
Guix : En toute franchise, non cela n’arrivera jamais. Quand nous avons formé le groupe c’était notre idée de base, chanter en français et uniquement en français, nous sommes tous fan de ce genre et cela permet de se distinguer de la vague de groupes chantant en anglais (il y a d’excellent groupe français qui chantent en anglais voir même mélangeant les 2 sur leur albums). Il nous est donc indispensable de chanter dans notre langue maternelle. Et puis surtout car Patrice a un accent anglais incompréhensible ahahah.
Patrice: No way ! N’ayant aucun enjeu financier ni aucune pression sur la vente ou la réussite du groupe, qu’on m’ explique pourquoi on devrait chanter dans une langue autre que notre langue maternelle…
7- Des premiers retours depuis la sortie de l’opus de la part du public, de la presse?
Patrice: Nous avons déjà eu quelques chroniques en ligne et des interviews papier et à vrai dire c’est plutôt positif même très positif ! Nous sommes ravis car on a l’impression que les chroniqueurs ont perçu ce que l’on décrivait plus haut sur l’ambiance générale de l’album.
8- Je sais que vous êtes particulièrement impliqué dans l’underground. Vous êtes en contact avec de nombreux groupes Français ou étrangers, vous organisez un festival désormais référence. Cette manière de vivre la musique vous semble indispensable pour évoluer dans le monde de 2021?
Laurent: On ne calcule rien en fait, on est comme cela, pour chacun de nous, nous vivons et respirons “Heavy Metal” du soir au matin, ce qui ne nous empêche pas d’avoir d’autres passions dans la vie et de consacrer du temps pour nos familles et nos boulots. Il n’y a pas d’autre façon pour nous de le vivre, et cela vaut pour la plupart des gens avec qui nous partageons cette passion. On aime même plus être dans la fosse à headbanger et à chanter que d’être sur scène, quoi de plus kiffant que de faire venir tes groupes favoris à 5 minutes de chez toi, de les accueillir, de faire la fête avec eux et de finir la nuit les yeux plein d’étoiles et les oreilles pleines de guitares saturées.
Patrice: Nous sommes des individus passionnés et qui aimons avant tout être actifs dans nos loisirs. Tant que cela durera on avancera avec nos diverses activités (association, festival et groupe de musique).
9- Tout ce “bordel” sanitaire a-t-il eu une influence sur le parcours de TENTATION?
Patrice: Ce gros bordel, pour reprendre ton mot, a eu une sacrée influence sur toutes les scènes artistiques… Pour ce qui est de la variété, des groupes de reprises, etc. certains collectivités ont joué le jeu dès l’été 2020, ce qui a permi aux formation évoluant dans ce créneaux de travailler mais concernant le metal et les salles de l’underground ce fût, et c’est encore un peu, une véritable catastrophe. N’ayant aucun poid sur la balance des enjeux politiques, nous avons bien peur que beaucoup ne se relèvent pas à l’image du Mondo Bizarro de Rennes pour ne citer qu’eux.
10- On parlait tout à l’heure de label. Le tout numérique de notre époque impacte un groupe comme le vôtre?
Guix : à notre échelle non car dans le milieu underground l’achat en physique est toujours prédominant sur l’achat numérique. Les gens aiment revenir d’un de nos concerts avec un CD ou un LP. En plus du côté collection, cela te permet de garder un souvenir ! Mais en règle plus générale, bien sûr que celà a un impact sur la musique (surtout sur l’industrie) mais pour des gros groupes ou de gros majors.
Patrice: Nous ne jouons que pour la passion et non pour l’argent. Nous ne sommes donc pas vraiment impactés par les différents courants et les modes que peuvent subir les majors de la musique. Pour le comprendre, il suffit de revenir 15 ans en arrière à l’époque où tout le monde se fichait du vinyle sauf dans certains milieux comme le milieu metal ou l’electro. Si ces niches de passionnés n’avaient pas existé, je ne sais même pas si on aurait pu reproduire du vinyl aujourd’hui. C’est en quelque sorte grâce à elles que beaucoup de sociétés ont pu survivre durant l’abandon complet de ce support par le grand public. Malheureusement, elles semblent pour la plupart l’avoir oublié, préférant caler sur leur planning les gros labels qui nous pondent des rééditions inutiles à tout va plutôt que des petits labels courageux et plein de passion.
11- J’espère que vous aller reprendre le chemin des salles dès que possible?
Guix : Avec cette histoire de pandémie et d’arrêt net des concerts nous espérons faire quelques scènes cette année (21/22). Nous avons déjà notre premier concert à Torreilles pour l’édition “French Metall Attack” du Pyrenean Warriors le 11 septembre où nous allons présenter l’album ! Pour le moment c’est la seule date bookée. Après nous sommes un groupe qui ne cherche pas à faire 150 dates par an car entre nos familles et nos boulots respectifs nous ne pouvons pas nous permettre de tout mettre de côté. C’est avant tout une passion, nous nous fixons généralement à 7 à 8 dates dans l’année.
12- Avec le recul que penses-tu de la “jeune” carrière de TENTATION?
Patrice: L’année prochaine le groupe aura 10 ans… Quand à l’époque tu entendais q’un groupe comme Obituary ou Cannibal Corpse fêtait ses 10 ans tu trouvais ça hallucinant. Maintenant qu’on passe nous aussi cette décennie, finalement ça ne fait pas grand chose lol. Nous allons continuer à jouer, sans se poser de question du lendemain et tout en restant fiers de notre parcours peut-être peu créatif aux yeux de certains mais riche en émotions pour nous.
13- Je te laisse le mot de fin !
Patrice: Merci pour l’intérêt que tu portes au groupe Tentation. J’espère que l’album t’a plu et qu’il plaira aux lecteurs de Kaosguards ! A très vite sur les routes !